Réalisé par Agnès Bert, le film consacré à la préparation de "l'operina" The Cry, à Berlin, parvient miraculeusement à rendre le sentiment de la durée dans l'acte de création. Le montage, donc le choix des images et du rythme à leur donner, y est pour beaucoup.

Il aura fallu plusieurs mois de travail au saxophoniste Steve Lacy et à la chanteuse Irene Aebi pour que des poèmes de Taslima Nasreen deviennent chant. Un air s'ébauche au soprano, dont on suit, sans à coups, l'évolution lors de répétitions. Les mots se posent sur la mélodie. Plus tard, il y a un clavecin, puis la contrebasse de Jean-Jacques Avenel, et une clarinette.

On aperçoit Taslima Nasreen. Lacy et Aebi parlent d'elle, du pouvoir de ses textes. Cette musique la respecte. Ce petit film aussi, qui ne trahit ni l'écrivain ni le compositeur.

Sylvain Siclier (Le Monde supplément radio-télévision - 30 & 31/05/1997)

En studio a Berlin, l'année dernière, Steve Lacy répète une oeuvre, une operina qu'il a écrite à partir d'un poème de Taslima Nasreen, l'écrivain bengali condamnée par une fatwah des fondamentalistes. The Cry est une histoire de femme, qui parle d'amour, de plaisir, de douleur, de vieillesse.

Les paroles, en anglais, sont chantées par Irène Aebi, la femme de Steve Lacy. Entre le saxophoniste et la chanteuse, entre l'homme et la femme, il y a une histoire qui dure, une flamme. Elle passe dans cette musique qui étonne, prend à la gorge, caresse, apaise. Trois musiciennes allemandes et un contrebassiste français se joignent à eux pour les répétitions.

La beauté nait du rapport amoureux que ces musiciens entretiennent avec la musique. La caméra en est éprise aussi, fascinée par ce qui se passe là de simple et de fort, ce travail qui est une joie.

Michel Contat (Télérama 2463 - 26/03/1997)