Lapis

Liner Notes

"C'est mon premier travail en solo. L'idée m'en est venue après avoir entendu Braxton en solo à l'épée de Bois. Je voulais d'abord enregistrer en studio avant de jouer seul en public. Lapis est un mot très ancien. Lapis Lazuli ça veut dire pierre. Une sorte d'écriture dans la pierre. Une trace, une entaille, une marque dans la pierre. Je me suis permis toute la liberté du monde et même plus. J'étais très influencé par les idées de Marcel Duchamp : pouvoir mettre n'importe quoi dans une oeuvre d'art.

A cette époque c'était une démarche très nouvelle d'enregistrer en multipiste et en re-recording ! J'avais déjà entendu un disque de Brion Gysin qui s'appelait Electronic Poetry. Un disque en multipiste, très expérimental. J'avais été frappé par les multiples possibilités du re-recording. Alors j'ai préparé la matière pour mon disque et je me suis amusé à utiliser toutes sortes d'objets : des épingles à tricoter, des cendriers, des clefs, des claquements de doigts, le bruit des pièces de monnaie et aussi le silence.

Cette idée incarne les années où l'on gratte. Littéralement j'ai gratté le saxophone dans les cheveux. C'est un bruit que j'ai utilisé. L'idée de Cryptosphere c'est la musique cachée. C'est la musique sous le tapis. Il y a une musique normale au centre de la pièce et une autre musique, cachée dans les coins, par terre et derrière les meubles. C'est l'idée de sphère cachée. Cette pièce est dédiée à Frederic Rzewski. C'est lui qui m'a expliqué ce concept de Cryptosphere".

Entretien réalisé par Etienne Brunet à Paris le 5 août 1996 (extraits des notes de pochette de Dreams - Scratching The Seventies")